Le mois d’octobre marque la fin de la saison apicole, au sens ou les actions de l’apiculteur dans la ruche prennent fin. Les abeilles vont adopter un comportement de replis à l’intérieur de la ruche, la ponte de la reine diminue, et les abeilles vivent sur leurs réserves de nourriture, récoltées et stockées lors de la belle saison. Cependant rien n’empêchera les abeilles de sortir au grès des belles journées automnales, afin de profiter des quelques rares ressources encore présentes. Tout ça est une histoire de température. Ces sorties de fin de saison sont salutaires pour l’hygiène de la ruche, car les ouvrières peuvent évacuer déchets et cadavres qui encombrent le plancher de la ruche. Mais elles permettent surtout aux abeilles de faire leurs besoins à l’extérieur de la ruche et d’éviter ainsi de souiller l’intérieur du nid.
La mise en hivernage des colonies est une étape cruciale pour un bon démarrage de la saison suivante. L’apiculteur doit contrôler et faire le bilan de chaque colonie, afin d’anticiper la saison suivante. Les nouvelles colonies de l’année, avec de jeunes reines, seront les ruches de production de la future saison. Les ruches ayant apporté la plus grande satisfaction à l’apiculteur seront plutôt orientées vers la sélection et la multiplication. Les vieilles reines, ou celles ayant connu des problèmes durant la saison sont écartées, et remplacées par de nouvelles, élevées sur place ou alors commandées à d’autres apiculteurs spécialisés dans l’élevage et la sélection des reines.
L’apiculteur devra veiller à la présence de réserves de nourriture en conséquence, afin de pourvoir aux besoins des colonies durant l’hiver et le début du printemps. En Lozère, territoire de moyenne montagne par excellence, les hivers peuvent être longs et rigoureux, c’est pourquoi pas moins de 15 kg de réserves de nourriture minimum sont nécessaires pour un bon hivernage. Cette année la sècheresse de la fin d’été et du début d’automne a fait fondre les réserves de nos ruches, en l’absence de ressources à butiner, l’apiculteur a du nourrir massivement, grâce à des sirops de sucre, afin d’éviter la mort des colonies par famine. On peut discourir sans fin sur le rôle trop interventionniste de l’apiculteur, mais du fait de ces situations climatiques extrêmes, sans l’apiculteur la plupart des colonies n’auraient aucune chance.
Il en est de même pour certains parasites, tel le fameux varroa, qui infeste la quasi-totalité des ruches mondiales. Cet acarien, d’environ 1.5 mm de diamètre agit tel un vampire, en se nourrissant du «sang de l’abeille (hémolymphe) ». Il se développe au sein du couvain et se nourrit au détriment des larves, qui naitront difformes et contaminées par de nombreux virus. A terme la colonie est condamnée. Depuis l’arrivée du parasite en France, au début des années 80, les apiculteurs ont été confrontés à des surmortalités catastrophiques en plus des intoxications chimiques. Il existe plusieurs traitements pouvant réduire l’infestation de varroa, mais aucun ne pouvant le faire disparaitre complètement. Le traitement de fin d’été est crucial, afin de faire baisser au maximum sa pression sur les abeilles d’hiver à naitre, car celle-ci devront passer quasiment 5 mois et prendre en charge le démarrage de la saison au printemps prochain.
L’apiculteur prendra soin également de protéger ses ruches des rigueurs hivernales en isolant au mieux les colonies du sol et de l’humidité, et en réduisant au besoin le volume des ruches plus faibles.
L’apiculteur devra aussi prémunir ses ruches de tout dérangement extérieur, tel que frottement de branches sur les ruches avec le vent, qui peuvent induire un stress mortel pour les abeilles. Mais aussi éviter toute intrusion dans la ruche, en réduisant l’entrée, des rongeurs, lézards ou autres prédateurs, notamment le trop fameux frelon asiatique, qui devra être piégé en cas de forte infestation au risque de condamner la colonie.
Bien entendu toutes ces opérations doivent être effectuées le plus tôt possible après les dernières récoltes, et se termineront vers la mi octobre. Ensuite l’apiculteur pourra penser sereinement aux vacances.
Berthoulat Damien, octobre 2018